Katrin Perchat,

coordinatrice du projet The Future of Plastic Waste, Seychelles



Née en 1960 à Essen, ville de Krupp en Allemagne, Katrin PERCHAT a poursuivi une carrière dans le secteur aérien en Allemagne chez Air France puis en France chez RM Rocade et Sabre Arline Solutions, où elle a été Directrice Exécutive France puis Directrice Commerciale pour la zone EMEA. Aux Seychelles, elle propose en 2020, en partenariat avec un Consultant en Economie Bleue, d'abord à l'IRD puis au Département Economie Bleue, un projet de gestion des déchets plastiques qui sera approuvé la même année. Elle est coordinatrice du projet The Future Of Plastic Waste Seychelles (TFOPW) et actuellement référente des trois projets initiés par le projet TFOPW aux Seychelles.



Pollution plastique sur une plage, Comores @ Nourddine Mirhani

Katrin, toi qui viens d'un milieu complètement différent, qu'est ce qui t'a conduit à travailler sur la pollution plastique?


J’ai fait ce virage professionnel à une époque où j’ai senti que mon travail manquait de sens au regard des grands changements qui allaient avoir lieu dans le monde. Avec l’aide d’un coach, j’ai compris que j’avais besoin de contribuer à la transition du monde vers plus d'équité sociale et environnementale. J’ai aussi compris que ma génération était responsable de de l’impasse dans laquelle elle est actuellement à cause de son niveau de consommation en général, et en particulier de sa consommation d’énergies fossiles.

Déjà en 1989, j'avais interrogé le directeur de l'IFO Institute for Economic Research à Munich: « Votre institut initie-t-il la réflexion d'un monde fini opposé à une maxime de croissance infinie ? » La réponse a été écrasante "NON" bien qu’il admette que la question était intéressante.

En quoi la problématique du plastique est importante pour les Seychelles ?


Tout d'abord, nos îles seychelloises vivent principalement de la pêche (industrielle et artisanale) et du tourisme. Ces deux piliers de l'économie sont directement touchés par les déchets plastiques qui finissent dans les rivières et les eaux qui rejoignent un jour l'océan.

En chiffres : 44 kg par habitant, c'est l'estimation de la consommation annuelle de plastique aux Seychelles basée sur une année 2014 pendant laquelle 232 000 touristes ont visité le pays, soit près de la moitié des arrivées en 2019, l'année pré-pandémique. La consommation de plastique croît par deux facteurs : l'augmentation des revenus des Seychellois et donc leur plus grande consommation, et le nombre croissant de touristes.

pollution plastique

Pourtant il n'existe pas de gestion organisée des matières recyclables aujourd'hui aux Seychelles et la pollution plastique devient de plus en plus problématique pour nous tous. Outre les difficultés économiques que peuvent engendrer les problèmes de plastique non gérés, il est primordial de s'attaquer au problème car nous connaissons les effets délétères sur les habitats naturels et sur la préservation de la biodiversité.

La The Futur Of Plastic Waste répond à cette problématique complexe puisque nos trois projets portent sur les trois axes identifiés de lutte contre la pollution plastique :

  • L’éducation de la société, via une communication diversifiée,
  • La collecte des déchets, intégrant tous les acteurs de la problématique, y compris le secteur informel,
  • La transformation des déchets plastiques de manière artisanale avec un "maker hub" ouvrant les portes aux jeunes ou autres entrepreneurs potentiels pour s'initier à la transformation des plastiques recyclables et bénéficier d'un accompagnement pour identifier les leviers financiers et économiques.

Atelier de définition de la problématique TFO Oct.20 Seychelles @K.Perchat

Dans le cadre du TFO, tu as collaboré avec des associations de jeunes, peux-tu nous en dire un peu plus?


Travailler avec des jeunes personnes concernés par les questions sociales et environnementales était ancré dans notre projet dès le départ. Il nous paraissait important également de les faire bénéficier d'une montée en compétences via la méthodologie du TFO.

Durant plusieurs années j'ai pu observer des jeunes seychellois engagés sur les questions du changement climatique ou du plastique, via les réseaux sociaux ou encore via leurs activités au sein de diverses associations ou des services gouvernementaux. Ils avaient des profils idéaux pour le TFO Plastic Waste et c’est pourquoi je les ai donc contactés au tout début du projet.

Ce fut un vrai plaisir, et ça l'est toujours, de travailler avec eux : ils regorgent de talents, ils ont l'habitude de travailler en équipe et aussi en transversalité. Ces compétences sont très utiles pour les trois projets du TFO qui sont connectés et qui doivent évoluer ensemble. Leur participation fait qu’ils ont bénéficié de cette méthodologie qu'ils peuvent maintenant utiliser pour d'autres problématiques et lancer d’autres projets.