Les écoles thématiques DIDEM


Composante B - Le renforcement des compétences et les formations


Dr. Samuel Razanaka, Ecole thématique DIDEM à Mahajanga, Madagascar @Xavier Koenig

Des écoles pluridisciplinaires à destination de profils variés

Les écoles pluri-thématiques sont des moments importants d’échanges et de transmissions des savoirs théoriques et pratiques. Elles permettent de renforcer les connaissances et les capacités des participants et de constituer une communauté de praticiens du littoral dans les îles de l’océan Indien.

Dans DIDEM, trois écoles seront organisées. Elles sont à destination des scientifiques mais aussi de participants d'autres secteurs (associatif, privé, public) qui travaillent directement ou indirectement sur l’évolution des écosystèmes marins et détiennent des expertises, des savoirs et des compétences qui viennent compléter l’approche scientifique.

Aujourd’hui, il devient nécessaire au travers de ces temps de formation de croiser ces différents milieux d’une part pour engager un dialogue et comprendre la démarche de chacun des acteurs et d’autre part d’apprendre des différentes expertises sectorielles.

Trois écoles thématiques au programme

Vulnérabilité du patrimoine récifal

Seychelles, Juin 2024

Appel à candidatures : du 20 février au 20 mars

L'objectif principal est de comparer les différentes connaissances, représentations et méthodes de différentes disciplines concernant a) l'évaluation de la résilience de l'écosystème récifal ; b) la considération des récifs coralliens en tant que patrimoine naturel, c) la construction d'un système socio-écologique corallien. En suivant une approche intégrée, l'objectif final est de faire du patrimoine des récifs coralliens un élément transversal d'analyse et de gestion.

Récif corallien @ IRD-Pascale Chabanet

Cette école thématique explorera les concepts de résilience, de vulnérabilité, de patrimoine et de système socio-écologique du point de vue de la science de la durabilité. Elle comprend une section de présentations offertes par divers experts dans les domaines de l'anthropologie, de la biologie, de l'écologie, de la pêche, de la géographie, de la gouvernance et de la socio-économie afin de présenter l'état de l'art et de poser des bases théoriques et méthodologiques communes, d'introduire le travail de terrain et d'initier le débat.

Une composante essentielle est l'offre d'une expérience pratique, réalisée sur le terrain en petits groupes interdisciplinaires, où les participants de différents horizons et compétences sont encouragés à appliquer des méthodologies de différentes disciplines pour favoriser les échanges (enquêtes ethnographiques, approche des systèmes de pêche, suivi des habitats et des populations de récifs coralliens, analyse des représentations sociales, ...).

L'école s'adresse à des scientifiques doctorants et post-doctorants avec une approche pluridisciplinaire en priorité, gestionnaires de récifs coralliens, experts d'ONG de la région de l'Océan Indien occidental motivés par une expérience qui dépasse les frontières disciplinaires.

Le processus de sélection tiendra particulièrement compte de l'équilibre numérique entre les différentes disciplines et entre les sexes, gage de succès pour l'objectif poursuivi. Les intervenants représentant un panel d'experts de différentes disciplines permettront des échanges approfondis entre chercheurs seniors et juniors grâce aux différentes expériences de vie et de recherche qui seront partagées.


Gouvernance partagée des Aires Marines Protégées de l’Océan Indien : comment associer les populations pour la co-construction de futurs durables ?

Comores, avril 2024, en partenariat avec le Parc National de Mohéli


Observatoire du littoral, Parc National de Mohéli @Nourddine Mirhani

Les conférences sur les océans de Lisbonne et sur la biodiversité de Kunming- Montréal ont réaffirmé l’objectif d’inscrire 30% des espaces terrestres et marins en aires protégées. Au-delà de ce chiffre et de l’extension des zones préservées, l’enjeu est triple :

  1. Pouvoir rendre plus efficaces en terme de bénéfices écologiques et sociaux les aires protégées existantes de manière à ce qu’elles deviennent des laboratoires de la co-viabilité entre humains et non humains,
  2. Envisager pour de nouveaux espaces des dispositifs de gouvernance répondant à la fois à des critères de durabilité et de justice environnementale,
  3. Mieux articuler aires protégées, économie bleue, gestion intégrée des zones côtières, gestion intégrée des bassins versants et planification spatiale marine intégrée.

Une des principales difficultés est de traduire à l’échelle locale des objectifs conçus dans l’arène internationale, ce qui implique une étroite collaboration entre les pouvoirs publics et les communautés du littoral afin co-construire des scénarios de façon inclusive, en tenant compte des visions différenciées des acteurs, dans des socio-écosystèmes caractérisés par la mobilité des populations humaines et non humaines. Ces enjeux sont forts pour l’Océan Indien Occidental, régi par la Convention de Nairobi, où les objectifs économiques, ceux de conservation de la biodiversité et de justice sociale peuvent être antinomiques, souvent au détriment des populations vulnérables et des socio-écosystèmes gouvernés en commun. La thématique insulaire, qui caractérise l’ensemble des pays de la zone COI, rajoute des contraintes qu’il est difficile de surmonter en termes de viabilité économique, de bilan hydrique et de vulnérabilité à l’érosion côtière.

Objectif :

  • Réflexion et partage de pratiques et d’expériences (bonnes mais aussi mauvaises) entre gestionnaires d’AMP, chercheurs, ONG et gestionnaires du territoire afin d’améliorer la gouvernance des AMP.
  • Quels sont les approches et les outils à la disposition des gestionnaires d’AMP pour favoriser le dialogue avec les habitants des territoires littoraux ?
  • Quels modèles d’AMP permettent-ils de mieux assurer la durabilité des socio-écosystèmes marins et littoraux ?
  • Quels sont les enseignements à tirer des expériences de gestion concertée des aires marines protégées dans la région et ailleurs ?
  • Comment mieux articuler la préservation de la biodiversité et les trois piliers des économies insulaires que sont l’agriculture, la pêche et le tourisme ?
  • Comment dresser un diagnostic territorial et élaborer une prospective de territoire en matière de réduction des déchets et de vulnérabilité à l’érosion côtière ? 

Autant de questions qui seront abordées sur la base d’exemples concrets d’aires marines protégées dans la région WIO et dans le monde.

Laurent Robison, CNRRE, pendant l'école thématique DIDEM à Mahajanga @Xavier Koenig

Face a la destruction de la biodiversité, il devient urgent de faire prendre conscience aux décideurs politiques et gestionnaires, et à l’opinion publique, quelles sont les valeurs de la nature et quels sont les coûts que sa destruction entraine. Dans ce domaine peut-on se contenter de parler de « capital naturel » ? Ou convient-il d’être plus précis et de détailler les services écosystémiques » que ce capital naturel rend aux populations humaines ?

Durant six jours, 30 scientifiques, décideurs et gestionnaires d'aires protégées ont participé à cette école. Des sessions en salles et des sessions de terrain ont marqué cette semaine riche en échanges et en apprentissages. 



L’approche suivie durant cette école d’été a largement fait appel à l’interdisciplinarité, au dialogue entre scientifiques et gestionnaires, et aux retours d’expériences conduites à Madagascar, à Maurice, au Gabon et aux Comores. Quatre profils disciplinaires ont été impliqués dans la formation : des agronomes/écologues, des économistes, des géographes, des télédétecteurs.  

Le site atelier choisi pour cette école d’été est l’embouchure du fleuve Betsiboka et l’aire bioculturelle d’Antrema qui lui est adjacente. Cet espace abrite l’une des plus grandes mangroves de Madagascar,gérée dans le cadre de quatre aires protégées dans le delta du Betsiboka, Antrema, le delta de Mahavavy et la baie de Baly. Deux jours ont été consacrés à des travaux de terrain dans le delta de la Betsiboka, parmi les îlots colonisés par la mangrove, et dans la zone protégée d'Antrema.

C’est donc en priorité cet écosystème qui a servi de toile de fond à la réflexion et de site de démonstration.Trois pays sont ciblés par cette école d’été : Madagascar, Maurice et les Comores. Dans chacun d’eux des évaluations de services écosystémiques et des exercices de comptabilité environnementale ont été conduits. Des exemples ont également été tirés du Gabon, pays africain où le questionnement est analogue à celui qui se pose dans l’océan indien.