Dercio Alberto,

doctorant en Histoire à l'Université d'Aix-Marseille, France



Biographie

Dercio Alberto est né le 18 juin 1993 à Maxixe au Mozambique. Après avoir obtenu une licence d’Histoire et Géographie à l'Université Pédagogique du Mozambique, il est parti en France pour un Master en Histoire Histoire, Civilisations et Patrimoine - Moderne et Contemporain à l'Université d'Aix-Marseille. De retour au Mozambique, il a enseingé à l'histoire à l'école secondaire de Massinga avant d'intégrer l'équipe E-lows-Moz en tant que stagiaire. Par la suite il a rejoint DIDEM sur la co-supervisé l'observatoire participatif dans le delta de l'Incomati. 

Ayant obtenu une bourse ARTS, Dercio est de retour à l'Université d'Aix-Marseille pour son doctorat. 


Atelier de co-construction de scénarios hydrologiques pour le delta de l’Incomati @ S. Duvail

Dans le cadre de DIDEM et du programme E-Flows, vous avez mis en place un observatoire participatif dans le delta de l'Incomati, pourriez-vous nous en dire plus ?

L’observatoire permet aux chercheurs de collaborer avec les différents acteurs communautaires directement liés aux usages de l’eau.

Il fonctionne en mode hybride, c’est-à-dire qui nous travaillons en personne (sur le terrain), en faisant des interviews semi-dirigées, visites guidées et observations. Nous faisons aussi un suivi par WhatsApp. En ce qui concerne le partage de données par WhatsApp, les observateurs ont des smartphones avec lesquels ils prennent des photos et me les envoient, nous ne déterminons pas le nombre de photos qu'ils doivent nous envoyer ni l'heure. 

L'idée est de s'assurer que les activités de l'observatoire n'interfèrent pas dans le fonctionnement normal de leurs activités. Ces photos, tant de la pêche que de l'agriculture, nous permettent de croiser et de compléter les données obtenues par d'autres équipes de recherche dans le cadre du projet. Les photos permettent aussi de construire des calendriers d'activités (agriculture) et d'identification des espèces de poissons (pêche).

Qu'allez vous étudier dans le cadre de votre thèse?

Je propose d’analyser de façon concomitante deux thématiques de l’historiographie coloniale et post-coloniale qui font débat depuis le début des indépendances des pays africains : d’un côté celle de l’organisation des chefferies, qui peut être considérée comme un sujet classique en histoire contemporaine et de l’autre la gestion durable des ressources naturelles – et notamment la gouvernance de l’eau et les problématiques foncières, qui a pris de l’importance dans le contexte des débats sur l’anthropocène.

L´un des aspects charniers du rôle environnemental des chefs coutumiers dans la conservation et l’accès aux ressources naturelles (forêt, eau, etc.), réside dans le pouvoir foncier. Ni l’extension de la « propriété privée » de la terre, ni les techniques modernes de cadastrage (DUATs) ne sont vraiment parvenues à remplacer le savoir-faire, la mémoire et la légitimité des chefs coutumiers. 

The rice fields and vegetable gardens seen from above, Incomati delta@S. Duvail & L. Cumbe

Ce projet ne propose pas de combler les lacunes cartographiques des territoires des chefs locaux avant la présence européenne. J’essaie de me concentrer plutôt sur le début de l’occupation portugaise à Marracuene (1895) – une période que les différents groupes sociolinguistiques de ces districts étaient déjà installés dans ces régions – Homoíne et Marracuene. Ce choix est justifié par (i) les racines de l’expropriation réappropriation et occupations des terres – il s'agit d’une période que l'administration coloniale portugaise met en place de projets agricoles dans les plaines inondables d'Incomati ; et (ii) le plan méthodologique – c’est sans doute la période la plus documentée, ce que nous permettra de mener des analyses historiques plus complets sur la problématique, en croisant avec d'autres sources.