Nina Puslecki

stagiaire en Master de Géographie, Université Paris Nanterre



Biographie

Nina Puslecki a participé au projet DIDEM en tant que stagiaire d’un master de géographie, avec une spécialité sur la gestion de l’eau au sein de l’Université Paris Nanterre. Dans le cadre du projet, elle est partie 4 mois en Tanzanie afin de travailler sur le delta du Rufiji, et plus particulièrement sur l’aval du barrage de Julius Nyerere et ses impacts environnementaux et sociaux. Elle n’a pas seulement étudié la géographie et l’environnement, puisqu’elle a également réalisé un master de chimie en double diplôme avec l’Université Paris Saclay et l’Ecole Normale Supérieure (ENS) de Paris Saclay, avant de partir un an en Mauritanie pour un service civique au sein du lycée français Théodore Monod de Nouakchott. 


Avant l’arrivée du barrage, personne ne pouvait traverser le fleuve Rufiji à pied, Rufiji, avril 2023 @Nina Puslecki

Nina, qu'est ce qui vous a poussée à étudier l'aménagement du territoire et en particulier la gestion de l'eau ?


Lors de mon année de service civique en Mauritanie, j’ai pris conscience que je voulais travailler dans l’environnement, plus particulièrement dans un domaine liant l’aspect social à l’environnement. La géographie, et notamment l’aménagement du territoire, se sont donc imposés à moi. Les enjeux actuels autour de l’eau m’ont aussi poussée à m’orienter vers un master spécialisé en gestion de l’eau. Et cette année en Mauritanie m’a permis de me rendre compte que je souhaitais travailler en Afrique, à la rencontre des habitants, et sur des sujets liés aux enjeux environnementaux. 

Pourriez-vous nous parler un peu de votre sujet de mémoire et des enjeux actuels dans le delta du Rufiji ?


Mon travail dans le delta du Rufiji consistait à suivre l’évolution de la mise en eau du barrage de Julius Nyerere en amont du delta. La construction puis la mise en eau de ce barrage se sont réalisées sans concertation avec les habitants de l’aval, et j’ai donc étudié les conséquences de cette mise en eau, aussi bien sur le niveau d’eau du fleuve Rufiji et le système de pêche et d’agriculture, que sur la vie des habitants. Les recherches se sont portées sur deux villages situés en aval du barrage, grâce à des entretiens qualitatifs semi-directifs, que j’ai réalisés avec l’assistant chercheur sur place, Kassim Kindinda.

Les résultats de ce stage ont montré que le barrage, construit de manière étatique, a entrainé une forte diminution du niveau d’eau du fleuve Rufiji, mais aussi des lacs de la plaine d’inondation, normalement connectés au fleuve. Cela entraine ainsi une baisse du nombre de poissons pour la pêche, et une baisse de rendement dans l’agriculture. En effet, les habitants de ces villages dépendent de l’agriculture de décrue, comme le riz, pour survivre. Mais ce sont aussi tous les animaux en aval qui sont perturbés par la mise en eau du barrage : les crocodiles et hippopotames se trouvent maintenant dans un espace plus petit, qu’ils doivent partager avec les habitants des villages. Les éléphants de la réserve de Selous viennent saccager les cultures des habitants du village le plus proche de la réserve. Mais c’est aussi dans ce village, plus touristique, que l’économie s’est développée, du fait de l’installation des ouvriers du barrage. Cependant, les prix ont augmenté, rendant la vie plus difficile aux autres habitants. Ce village avait aussi reçu des informations concernant la construction et la mise en eau du barrage, grâce à des réunions de villages, ce qui n’avait pas été fait pour les autres villages en aval. La communication gouvernementale autour du barrage s’est donc concentrée uniquement sur le village le plus touristique, entraînant un manque d’information et un manque de confiance envers les autorités pour les autres villages. 


Avec la baisse du niveau d’eau dans le fleuve Rufiji, les hippopotames choississent les endroits les plus profonds pour se baigner, tout comme les habitants pour pouvoir traverser le fleuve Rufiji, 2023 @ Nina Puslecki

Sur le premier plan de la photo, on peut voir le riz sec qui est cultivé, tandis qu’au second plan, on peut apercevoir le fleuve Rufiji, supposé passer dans les cultures à cette saison, Rufiji, avril 2023 @Nina Puslecki

Que vous a apporté ce stage de Master en Tanzanie et quelle est la suite pour vous, après le Master ? 


Ce stage m’a permis d’évoluer, tant sur le point humain qu’académique, puisqu’il m’a permis d’intensifier ma capacité d’adaptation, tout en étendant mes compétences sociales, puisque je devais réaliser des entretiens qualitatifs en anglais, dans des conditions différentes de celles auxquelles j’étais habituée. Il m’a aussi permis de me renseigner sur les projets hydrauliques et notamment les impacts environnementaux et sociaux de ces grands projets. Cela a été extrêmement bénéfique pour moi puisque je vais réaliser un Volontariat International en Entreprise (VIE) en Côte d’Ivoire à partir de janvier, et ce pour deux ans, afin de mener des études d’impacts sociales et environnementales dans le cadre de projets électriques. 


Bibliographie liée au sujet de stage et de mémoire


Mémoire de Master de Nina Puslecki 

Duvail, S., Mwakalinga, A. B., Eijkelenburg, A., Hamerlynck, O., Kindinda, K., & Majule, A. (2014). Jointly thinking the post-dam future : Exchange of local and scientific knowledge on the lakes of the Lower Rufiji, Tanzania. Hydrological Sciences Journal, 59(3-4), 713-730. https://doi.org/10.1080/02626667.2013.827792

Hamerlynck, O., Duvail, S., Vandepitte, L., Kindinda, K., Nyingi, D. W., Paul, J.-L., Yanda, P. Z., Mwakalinga, A. B., Mgaya, Y. D., & Snoeks, J. (2011). To connect or not to connect? Floods, fisheries and livelihoods in the Lower Rufiji floodplain lakes, Tanzania. Hydrological Sciences Journal, 56(8), 1436-1451. https://doi.org/10.1080/02626667.2011.630002

Mwalyosi, R. B. B. (1988). Environmental Impacts of the Proposed Stiegler’s Gorge Hydropower Project, Tanzania. Environmental Conservation, 15(3), 250-254. https://doi.org/10.1017/S0376892900029398

Paul, J.-L., Duvail, S., & Hamerlynck, O. (2011). Appropriation des ressources « naturelles » et criminalisation des communautés paysannes. Civilisations. Revue internationale d’anthropologie et de sciences humaines, 60-1, Article 60-1. https://doi.org/10.4000/civilisations.2806


Site web de Nina : https://ninapuslecki.wixsite.com/ninadventures


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